Changements Climatiques

Les changements du monde par le climat

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En route vers Copenhague : suivi des positions (12)

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Voir les épisodes précédents : (1), (2), (3), (4), (5), (6), (7), (8), (9), (10), (11)

Depuis la conférence de Barcelone, qui a permis que les négociations de l’UNFCCC continuent d’avancer dans un cadre dit « informel » avant le début de  la conférence de Copenhague, les annonces de négociations bilatérales et multilatérales se multiplient.

Chine-Etats-Unis

Obama en Chine : Jintao et Obama ont déclaré vouloir un succès à Copenhague et un accord  « à effet opérationnel immédiat ». Le ministre Danois Rasmussen s’en réjouit.

A priori, cette annonce est effectivement positive puisque semble synonyme de volonté politique et un refus d’un « déclaration politique » ou d’un « accord partiel » .

Cependant, cette petite expression « effet opérationnel immédiat » n’est pas très claire à interpréter… ce n’est même pas très logique, puisque l’accord qui doit intervenir vise à s’appliquer à partir de 2013 et que, comme tout traité international, il ne peut s’appliquer directement et doit être ratifié par les Parlements des pays. D’ailleurs, comme pour le protocole de Kyoto, il semble raisonnable de penser que tous les « détails » opérationnels seront négocier après Copenhague…

Soit Obama a glissé cette expression par mégarde ou pour donner quelque chose à se mettre sous la dent aux journalistes sans qu’il n’y ait de signification particulière…

Soit l’expression a été soigneusement choisie, ce qu’on peut raisonnablement supposer. Mais comment trouver un accord opérationnel immédiatement, alors que, clairement, les négociations techniques ne sont pas assez avancées (en guise de preuve, allez voir les « non papers » qui constituent la base de négo du groupe AWG-LCA) ? La logique est exactement inverse de celle présente dans la dernière déclaration de Ban ki Moon qui demande « du politique maintenant, du technique plus tard ».

Une interprétation optimiste serait la suivante : la déclaration d’Obama de Jintao serait un signe pour affirmer que les deux pays sont prêts à prendre des engagements politiques contraignants à Copenhague. Ils refuseraient l’idée de repousser la conclusion d’un accord global lors de la Conférence des Parties n°16 de décembre 2010 ou lors d’une Conférence des Parties « n°15 bis » en juin ou juillet 2010 (scénario largement envisagé désormais). Mais pourquoi diable une telle expression ?

Une interprétation pessimiste serait qu’Obama et Jintao nous mènent en bateau et que les divergences sont encore trop grandes pour même savoir où nous allons.

Réunion au Danemark

Parallèlement, 44 se sont retrouvés au Danemark, sur invitation du gouvernement danois, afin de faire avancer les discussions. Ce sommet est probablement une bonne chose car il réunit les leaders précisément sur la question du climat. Les négociateurs qui interviennent dans le cadre des négociations de l’UNFCCC ne possèdent pas le pouvoir politique, contrairement aux chefs de gouvernements. Malheureusement, ceux-ci se sont déjà largement réunis sur la question (lors des G20 par exemple) et peu de choses avaient évolué.

L’APEC inquiète, la Russie rassure

L’APEC s’est également réunie et a proposé une déclaration finale sur la question… cette dernière est très décevante puisque les engagements chiffrés sur le long terme ont été retirés à la dernière minute. Cela est inquiétant, car les chiffres incriminés déterminent un avenir global commun (une « vision partagée »)… Or si même là-dessus, les divergences sont encore importantes, il paraît encore plus difficile de trouver un accord qui répartisse l’effort à fournir.

En revanche, la bonne surprise vient de la Russie, avec Medvedev qui affirme en marge de l’APEC que les conséquences des changements climatiques pourraient être « catastrophiques ». Jusqu’à présent, la Russie était discrète, voire antipathique concernant les négociations sur le climat. Cette déclaration est donc plutôt rassurante.

Super Borloo ?

Et il y a eu la déclaration commune France-Brésil (voir le post pour le texte). Déclaration plutôt intéressante, bien que pas révolutionnaire. Cette déclaration est à replacer dans le contexte de l’activisme de Borloo, qui souhaite proposer un scénario positif à Copenhague avec le soutien de pays pauvres et en développement, tout en déclarant que « Washington est le principal frein » pour un accord. Cette affirmation est rare de franchise, mais sur le fond, elle n’est pas contestable.

Il y a malheureusement très peu (pour ne pas dire aucune) information sur le plan élaboré par Borloo, à part les déclarations politiques occasionnelles. Et comme déjà dit ailleurs, ce plan doit s’inscrire dans un cadre de négociations plus global, ce qui ne paraît pas aisé.

La société civile doit soutenir et pousser les exécutifs

En somme, la tension monte, comme le relatent de nombreux journaux. Il est difficile d’y voir clair, dans cette situation paradoxale (est-ce vraiment paradoxal ?) dans laquelle tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut agir, fort et maintenant, mais où le consensus est très difficile à trouver.

Tout repose entre les mains des dirigeants des exécutifs nationaux : seuls eux pourront décider de l’effort que leur pays est prêt à réaliser. Et seul un accroissement de ces efforts permettra un accord à la hauteur des enjeux. En ce sens, il semble que la société civile a un rôle important à jouer en montrant son soutien actif aux gouvernements à des décisions ambitieuses, même si ce n’est pas dans son intérêt.

(photo : TIAN LI/GAMMA PEKIN/Eyedea Press)

En route vers Copenhague : suivi des positions (6)

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Voir les épisodes précédents : (1), (2), (3), (4), (5), post sur la position de l’Afrique.

Résumé : la table ronde sur les changements climatiques organisée par l’ONU à New York mardi 22 , suivie de l’Assemblée générale du 23 -et jours suivants-, ont été l’occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernement de faire le point sur leurs positions respectives. Force est de constatée que le blocage reste important : aucune annonce majeure n’a eue lieu, si ce n’est la confirmation par M. Hatoyama de l’accroissement des objectifs de réductions nippons. Les Etats-Unis et l’Inde campent sur leur position ; la Chine se veut plus consensuelle. Pas de changement fondamental, le blocage continue.

Les dernières annonces positives

  • Japon : le nouveau Premier Ministre Japonnais, M. Hatoyama, a confirmé lors son discours à New-York (table ronde sur le climat) le nouvel engagement de réduction de son pays. Les objectifs de réduction passeront de -8% à -25% en 2020 par rapport à 1990. Le chiffre de -25% est symbolique puisque c’est le bas de la fourchette -entre -25 et -40% en 2020 par rapport à 1990) des recommandations du GIEC pour les pays industrialisés. En revenant au sein de cette fourchette, le Japon augmente les chances de dessiner une trajectoire mondiale des émissions compatible avec le respect de l’objectif « +2°C en 2100 ».
  • Norvège : la Norvège a annoncé envisager d’accroître ses objectifs de réduction d’émissions de GES, qui sont déjà à -30% en 2020 par rapport à 1990. Ce sera le cas si cela permet de faciliter un accord international (ce qu’il y a tout lieu de croire).
  • Business : à l’occasion de la conférence de New-York, une coalition de 500 entreprises internationales a appelé à un accord international qui permette des réductions « immédiates et importantes » des émissions de GES. La justification réside dans le fait qu’en cas d’absence d’accord, les investissements dans les technologies à faible intensité carbone seraient fortement réduits. De plus, les entreprises affirment que le développement économique ne sera possible que dans des conditions d’un climat stabilisé.
  • N. Stern : dans une tribune, N. Stern rappelle les conditions pour qu’un accord international soit effectif (mais contrairement au titre de l’article, il n’y a là rien de nouveau !).

Les dernières annonces négatives

  • Inde : M Krishna, ministre Indien des affaires étrangères, représentait l’Inde à New York lors de la table ronde de mardi 22 septembre. Dans son discours, M. Krishna rappelle d’abord que l’Inde fait face à un défi gigantesque de développement.

Il rappelle que l’Inde a tout intérêt à participer à une solution commne, même si elle n’est pas du tout cause du problème (!).

We have a major interest in ensuring a substantive and constructive outcome in Copenhagen and we will be part of the solution, even though India has not caused the problem in any way.

Il rappelle deux principes fondamentaux : la responsabilité partagée, mais différenciée et la responsabilité historique.

Il affirme un principe d’équité de tous les citoyens du monde à pouvoir utiliser les ressources de l’atmosphère.

It is imperative that this aspirational global goal includes an equitable burden sharing and that all citizens of the world have an equal right to the global resource of the atmosphere.

Et il demande que les pays développés relèvent leurs objectifs de réduction à au moins -40% en 2020 par rapport à 1990.

Il rappelle que la contribution de l’Inde au changement actuel est négligeable.

India’s per-capita emissions are only around 1 tonne of CO2 equivalent per annum, which is a quarter of the global average and half that of the developing countries as a whole. Moreover, our contribution to the stock of carbon dioxide is negligible.

Il rappelle les efforts importants réalisés par l’Inde dans ses politiques domestiques, et que cela passe par des engagements chiffrés au plan sectoriel.

Il demande la création de mécanismes pour le déblocage de financement et l’accès aux technologies pour Copenhague.

Il accepte des mécanismes de régulation internationaux mais pas pour ce qui concerne les politiques domestiques.

Naturally, efforts that are supported by external sources will be subject to international monitoring, but it is important that the ambition levels of domestic actions are not crimped by an international review obligation.

Il rappelle que parallèlement aux financements privés, les financements publics sont essentiels.

Il attaque clairement sur la responsabilité des pays développés :

Climate negotiations should be focusing on the developed countries from where the problem has emanated and who are reluctant even to meet their commitments on emission reduction, let alone provide technological and financial support to developing countries on the vast scale that is required.

Instead, the onus for action is sought to be shifted to developing countries, which have contributed little to the accumulation of greenhouse gasses and face the huge burden of adaptation.

Il fait directement référence aux menaces imposées par certains pays développés (tel l’ajustement aux frontières proposé par N Sarkozy) :

Protectionist trade and border tax response measures, which basically seek to protect their competitiveness, are being talked about in developed countries under the garb of climate change.

En somme, l’Inde campe toujours sur sa position de refus de se voir imposer des contraintes extérieures, exiger plus de la part des pays développés. Cette position très ferme n’est pas de nature à détendre les discussions, puisque l’Inde n’envisage toujours pas de faire de concessions apparemment.

  • Petits-Etats Iles : encore et toujours, les Petits Etats Iles appellent à l’aide et rappellent les enjeux d’un accord international pour eux… Rien de nouveau, rien que du très angoissant.
  • Russie : négatif par omission. Dans son discours général du 23 septembre, bien qu’il identifie le sujet comme faisant partie des débats des Nations Unies, M. Medvedev ne touche pas un mot des enjeux de réchauffements climatiques… Il en évoque d’autres -également cruciaux- comme la crise financière ou le désarmement, mais pas de climat en Russie !

Les dernières annonces mi-figue mi-raisin :

Tout d’abord, il est évident qu’Obama a voulu souligner le changement de ton opéré par l’administration américaine sur le sujet

    we can reverse it. John F. Kennedy once observed that « Our problems are man-made, therefore they may be solved by man. » It is true that for too many years, mankind has been slow to respond to or even recognize the magnitude of the climate threat. It is true of my own country as well. We recognize that. But this is a new day. It is a new era.

    Après un auto-satisfecit de la politique US sur les émissions de GES, Obama souligne que le plus difficile reste devant nous, notamment à Copenhague…

    It is work that will not be easy. As we head towards Copenhagen, there should be no illusions that the hardest part of our journey is in front of us.

    Tout en assumant la responsabilité historique des pays occidentaux, il rappelle que seul un travail de concert avec les pays à forte de croissance pourra permettre de relever ce challenge. Il pose là clairement une condition : il faut que les gros émergents prennent des « engagements », qu’il compare à ceux des pays développés, donc contraignants.

    But those rapidly-growing developing nations that will produce nearly all the growth in global carbon emissions in the decades ahead must do their part as well. Some of these nations have already made great strides with the development and deployment of clean energy. Still, they will need to commit to strong measures at home and agree to stand behind those commitments just as the developed nations must stand behind their own.

    Il se penche ensuite sur les pays en développement victimes des changements climatiques, qui ont impérativement besoin d’aide.

    That is why we have a responsibility to provide the financial and technical assistance needed to help these nations adapt to the impacts of climate change and pursue low-carbon development.

    Il semble que pour Obama, la solution soit technologique…

    We know that if we put the right rules and incentives in place, we will unleash the creative power of our best scientists, engineers, and entrepreneurs to build a better world. And so many nations have already taken the first steps on the journey towards that goal.

    La conclusion est consensuelle :

    But the journey is long. The journey is hard. And we don’t have much time left to make it. It is a journey that will require each of us to persevere through setback, and fight for every inch of progress, even when it comes in fits and starts. So let us begin.

    En somme, le discours d’Obama n’apporte rien de nouveau dans les debats internationaux : pas d’annonce de chiffres ou de concessions et réaffirmation de grands principes, en premier lieu duquel l’obligation pour les pays émergents d’accepter des objectifs de réductions contraignants… On sent également que le discours est destiné à l’intérieur des Etats-Unis, où le congrès tergiverse toujours à adopter la loi cadre de réduction des émissions.

    Hu Jintao amorce directement son discours sur les principes qui doivent guider l’action commune.

    Premièrement : réaffirmation du principe de responsabilité commune mais différenciée.  Rien de nouveau.

    Deuxièmement : affirmation de la nécessité de construire des politiques « gagnant-gagnant » entre pays développés et les autres. On sent là comme une pointe d’intérêt pour la Chine, qui est très liée à l’économie américaine…

    Developed countries should support developing countries in tackling climate change. This not only is their responsibility, but also serves their long-term interests.We should make our endeavor on climate change a win-win for both developed and developing countries and a win-win for both the interests of individual countries and the common interests of humanity.

    Troisièmement : l’effort doit être conçu dans une perspective de développement et de croissance économique.

    Quatrièmement : garantir les financements et le développement technologique est la clé de la réussite.

    Suit un satifecit des politiques nationales mises en oeuvre en quatre points.

    En somme, les déclaration de Hu Jintao n’apportent pas non plus grand chose dans les débats internationaux, puisque les principes posés pour un accord sont très généraux. Toujours pas de chiffres ou d’engagement à l’échelle internationale annoncés.

    Après un satisfecit des politiques nationales (décidément), il rappelle que les pays développés doivent se fixer des objectifs de réduction bien supérieurs à ceux d’aujourd’hui. Il rappelle le principe de responsabilité commune mais différenciée…

    Meanwhile, developed countries must set emission-reduction goals that go far beyond those tabled to date, which represent a mere fraction of the reductions recommended by the Intergovernmental Panel on Climate Change.

    • Emissions : l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a annoncé que les émissions de CO2 mondiales devraient diminuer de 2,6% cette année à l’échelle de la planète. Cette réduction majeure est l’une des plus importantes en un an… L’information est très bonne au premier degré… mais elle est très inquiétante en réalité : comme on le sait déjà au travers de l’expérience des pays de l’ex bloc de l’URSS, la seule façon de réduire fortement les émissions actuellement est une crise économique, c’est à dire une contraction du PIB. Or, cette contraction du PIB est cause de troubles sociaux importants, de réduction des recettes pour les Etats… qui se réfugient derrière cette conjoncture pour agir de manière moins forte et ne pas soutenir les plus pauvres. Là encore, rien de très nouveau, que du très angoissant.
    Meanwhile, developed countries must set emission-reduction goals that go far beyond those tabled to
    date, which represent a mere fraction of the reductions recommended by the Intergovernmental Panel
    on Climate Change.