Changements Climatiques

Les changements du monde par le climat

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En route vers Copenhague : suivi des positions (5)

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Voir les épisodes précédents : (1), (2), (3), (4), post sur la position de l’Afrique.

En résumé : Copenhague ? C’est foutu pour un accord global, préparons tout le monde à cela.

Malgré les appels à un succès à Copenhague de la part de quelques négociateurs de pays développés pro-actifs (tel celui de David Miliband), il faut commencer désormais à préparer l’opinion : Copenhague sera un échec. Ou plus exactement, ce ne sera pas un succès, c’est à dire un accord global permettant d’organiser l’action humaine sur les prochaines décennies. Des accords semi-satisfaisants sont encore possibles et restent de l’ordre du très probable : accords multilatéral pour repousser l’échéance des négociations, accords entre les volontaires, accords bilatéraux/multilatéraux..

Pour illustrer cette quasi-certitude, Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la convention des Nations unies sur les Changements Climatiques, a fait une annonce dans ce sens (dernière déclaration en date) : la réalisation d’un accord « complet » (« comprehensive » in english) n’est plus possible dans le temps qu’il reste pour négocier. Mais ce n’est pas « nécessaire » d’après lui… bien qu’il se soit battu depuis le début pour cela.

Parallèlement, Yvo de Boer appelle toujours à un leadership plus engagé de la part des pays industrialisés, se félicitant d’avancées grâce à l’alternance au Japon, à l’engagement de l’UE, aux discussions bilatérales de la Chine et des Etats-Unis. Yvo de Boer affirme qu’il n’y a pas assez d’argent mis sur la table par les pays développés en faveur des pays en développement.

Cette analyse d’une impossibilité d’avoir un accord global est partagée par la plupart des personnes qui sont engagées dans le suivi des négociations (j’ai eu l’occasion d’en discuter rapidement à l’IDDRI ou avec Pierre Radanne par exemple).

Faisons le point sur quelques éléments sur les positions des pays pour prendre la température du « moral international »…

  • Union européenne et pays membres

Alors qu’il se débattait su la taxe carbone interne, l’annonce par Nicolas Sarkozy de vouloir imposer une taxe aux frontières de l’UE sur les émissions de carbone des produits importés a jeté le froid dans la communauté internationale… Cela pourrait très bien bloquer les négociations, puisque ce serait un dispositif qui désavantageraient les pays émergents, alors que ceux-ci exigent toujours des engagements plus importants de la part des pays industrialisés -dont l’UE- afin de pouvoir atteindre l’objectif de « maximum +2°C ».

L’UE met la pression sur l’Afrique du Sud pour que la nation arc-en-ciel  les pays émergents à réduire leurs émissions… et s’inquiète de l’aboutissement de Copenhague.

L’UE a annoncé la semaine dernière qu’elle pourrait apporter 15 milliards d’Euros par an aux pays en développement. Cette offre est le premier élément chiffré dde soutien de la part de pays industrialisés. Mais cette annonce est loin de sembler suffisante (il n’y a qu’à voir les demandes de l’Afrique…), et elle est en recul par rapport au plan précédent (qui prévoyait 24 milliards par an), comme l’ont souligné WWF, Greenpeace ou Oxfam.

  • Etats-Unis

Les débats font toujours rage autours de la loi sur l’énergie. Le lobby énergétique (charbonnier principalement) offre des repas, des concerts gratuits afin de gagner l’opinion. Celle-ci reste globalement en faveur d’un système de cap and trade, mais ce n’est pas gagné…

Les avancées semblent faibles dans les discussions au Sénat et tout report de l’adoption de la loi pourrait être catastrophique pour les négociations internationales.

Todd Stern, en charge des négociations pour les Etats-Unis, a fait part des « difficultés » dans le cadre des négociations officielles, notamment par manque de temps.

Cependant, les Etats-Unis soignent leurs relations avec la Chine sur le dossier du climat, Nancy Pelosi déclarant que le monde avait beaucoup à apprendre sur le travail de Pékin concernant le climat (ce qui est sûrement vrai !).

  • Inde

L’Inde est un acteur absolument central des négociations… et continue de souffler le chaud et le froid.

Le gouvernement est prêt à s’engager sur des réductions volontaires, c’est à dire non obligatoires (ie. non sanctionnées en cas de non respect). M. Ramesh, Ministre de l’environnement, répète à l’envie : “we are proactive, constructive, we want a fair and equitable agreement in Copenhagen”. Il est vrai que l’Inde s’est doté de politiques domestiques très offensives, en termes d’énergies renouvelables par exemple. M. Ramesh évoque la possibilité d’une loi nationale afin d’organiser les politiques sectorielles. Mais le refus d’inscrire des obligations nationales dans des engagements internationaux est catégoriques. Ce qui fait dire à M. Ramesh que ce ne serait pas une catastrophe en cas d’échec à Copenhague…

M. Rasmussen, Premier Ministre Danois, a rencontré son homologue Indien (M. Sing) afin d’accentuer la pression diplomatique…

  • Chine

Le Premier Ministre Chinois appelle les Etats-Unis à prendre le leadership dans les négociations, tout en rappelant l’engagement du pays du soleil levant.

Encore et toujours, la Chine appelle les pays développés à se fixer des objectifs de réduction plus ambitieux.

  • Japon

Comme je l’écrivais dans un post précédent, l’alternance au Japon a donné un peu d’air aux négociations… mais insuffisamment pour tout débloquer.

  • Thailande

La Thailande refuse de se fixer des objectifs de réduction d’émission contraignants. Le pays souhaite une approche sectorielle des négociations.

  • Corée du Sud

Le Ministre de l’Environnement, M. Maanee Lee, a déclaré jeudi 10 septembre que Copenhague n’aboutira probablement à un accord, bien que les quatre plus grandes économies asiatiques joueront un rôle majeur de liaisons entre pays développés et en développement.

  • Nouvelle-Zélande

Le gouvernement néozélandais a annoncé une révision du système de permis d’émissions afin de diviser par deux son coût (par rapport au schéma élaboré par le précédent gouvernement dirigé par le Labour), tout en couvrant tous les secteurs et tous les gaz. La réduction des coûts passe par l’application d’une « phase de transition » lors de laquelle les réductions ne seront obligatoires qu’à 50% de ce qu’elles étaient au préalable, et avec un prix d’option fixe (achat de permis à un prix plafond). La réduction des coûts passe donc par une réduction des ambitions environnementales à court/moyen terme. L’objectif du gouvernement est de faire adopter le nouveau plan d’ici Copenhague.

  • Cuba

Cuba annonce son soutien aux positions défendues par les pays émergents (Chine, Inde), c’est à dire des objectifs de réductions de 40% des émissions des pays développés d’ici 2020 par rapport à 1990.

  • Brésil

Le Ministre de l’Environnement brésilien, M. Carlos Minc, a déclaré que les objectifs de réduction des Etats-Unis restent inacceptables et devraient se rapprocher de -20% en 2020 par rapport à 1990 (au lieu de -4%).

Le Ministre a également déclaré qu’il était modérément optimiste et qu’un accord ne serait pas facile.

Parallèlement, le Brésil a annoncé de nouvelle restrictions sur le secteur agricole afin de limiter la destruction de la fôret primaire.

  • Afrique du Sud

Le plan de lutte contre les émissions, annoncé par le gouvernement comme ne remettant pas en cause la croissance du pays,  fait débat et est critiqué par l’Alliance Démocratique.

  • Cameroun

Le Cameroun annonce attendre beaucoup de Copenhague

  • Aviation

L’Organisation Internationale de l’Aviation Civile veut croire en un accord sectoriel possible d’ici un mois (réunion à Montréal le 7-9 octobre).

Prochains RDV cruciaux : la réunion des Nations unies à New-York le 22 septembre ; le G20 de Pittsburg le 23 septembre.

Vers Copenhague : suivi des positions (4)

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Voir les épisodes précédents : (1), (2)(3).

  • Afrique. Lors d’une réunion qui se tiendra en Libye la semaine prochaine, les leaders africains se pencheront sur une position commune élaborée par l’Union Africaine qui demande au minimum 67 milliards de dollars par an (0.5% du PIB des pays industrialisés) afin d’aider à l’adaptation. Parallèlement les pays industrialisés devraient réduire leurs émissions de 40% en 2020 par rapport à 1990.

Voir également ici.

  • Inde et Chine. Toujours dans une position ferme sur la scène internationale, le ministre indien de l’environnement -Jairam Ramesh- lors d’une rencontre avec le leader chinois des négociations -Xie Zhenhua- a déclaré que l’Inde et la Chine ne sont pas des forces « négatives et obstructives », mais qu’elles souhaitent un accord international à Copenhague. Il a déclaré que les deux pays ont conscience de « faire partie de la solution » et qu’ils sauront « répondre très positivement » à tout changement de position de la part des pays industrialisés qui irait dans le sens des exigences de deux pays (revendication centrale : -40% d’émissions en 2020 par rapport à 1990).

Les deux pays discutent de savoir quand leurs émissions pourraient atteindre leur maximum.

Par ailleurs, l’Inde aurait besoin de 5 millards de $ par an entre 2012 et 2017, en plus de son plan d’investissement actuel, pour permettre une transition vers une économie décarbonée (étude de l’UNDP).

La Chine a commencé à travailler mardi dernier sur une résolution relative au climat qui pourrait accélérer l’action positive du gouvernement chinois. Bien que les termes soient très généraux pour l’instant, on peut espérer que ce sera l’occasion pour le Congrès National du Peuple de prendre en considération l’étude publiée il y a deux semaine (voir ici), indiquant que la Chine pourrait très bien voir ses émissions atteindre leur maximum en 2030.

  • Etats-Unis. La plus grande « organisation de business » demande à l’EPA (agence national pour l’environnement) de lancer un grande débat sur les fondements scientifiques concernant le changement climatique. Cette demande (qui pourrait donner lieu à un conflit devant les tribunaux) fait suite à la déclaration en Avril dernier par l’EPA que les gaz à effet de serre sont néfastes pour la santé et le bien-être publics.

Parallèlement, la mobilisation s’organise pour essayer de renforcer la loi sur le Climat, qui sera examinée prochainement par le Sénat américain. La pression internationale augmente également, avec les déclarations du ministre suédois de l’Environnement -Andrea Carlgren- qui souligne la nécessité que le Congrès valide la loi du le climat, afin de permettre l’avancée dans les négociations internationales.

  • France. Lors de la conférence annuelle des Ambassadeurs de France, Nicolas Sarkozy a rappelé l’importance d’une action forte des pays industrialisés pour permettre un accord à Copenhague (en nommant les Etats-Unis). Il a appelé à la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement. Sur la question énergétique, il s’est (encore et toujours) fait le chantre du nucléaire civil.
  • Suisse. La Suisse a annoncé mercredi son engagement à une réduction de 20% de ses émissions en 2020 par rapport à 2050 et à 30% en cas d’accord international. En gros : la Suisse s’aligne sur l’Union Européenne. Et encore une fois, on peut dire : peut mieux faire (l’objectif des pays industrialisés devrait être fixé entre 25 et 40% de réductions afin d’atteindre l’objectif de max +2°C).

Une solution toute hélvétique serait la mobilisation massive de l’opinion publique (qui peut exiger la réalisation d’un référendum avec 100 000 signatures).

Edit :

  • Japon. La victoire historique des démocrates au Japon est de bon augure pour la politique nippone sur le climat : voir le post sur le sujet. On attend maintenant les prises de décisions…